Les anciens employés du sex-shop sur le trottoir

« Jamais j'aurais cru voir ça un jour ! » Et pour cause. Cet habitué du sex-shop vidéo « La boîte à films », rue Denfert Rochereau, ne peut pas entrer dans la boutique car les anciens employés du magasin en bloquent l'entrée. Sur la façade rouge, ils ont inscrit les mots de leur colère : arnaques, magasin bloqué, Bernard David, escroc !

Bernard David, c'est leur ancien patron, qui, joint par téléphone depuis Marseille, affirme les avoir licenciés « pour vols dans la caisse et détournements ».

Mais la version de ces trois manifestants est bien différente… Valéry Inglebert, Fabien Hygounet et Nicolas Milhet, rejoints par Grégory Motte nient en bloc ce motif.

Et en bloquant le sex-shop, ils jouent leur dernière carte pour récupérer leurs « indemnités de licenciement, un solde de tout compte mais aussi l'attestation Assédic de fin de contrat. »

Ils se sont donc installé mardi matin, pancartes aux poings, pour alerter l'opinion. Valéry n'en peut plus : « J'ai reçu une lettre de licenciement complètement grotesque en février dernier. Comme quoi, le chiffre d'affaires avait baissé.

Alors David a pensé que nous avions pris de l'argent. Cette baisse, il nous l'a imputée. » Le jeune homme se souvient « des coups de fils d'insultes du patron et de la pression psychologique, sans compter le paiement aléatoire en liquide, sans prendre en compte les heures de nuit. »

Solidaires, les anciens employés expliquent avoir porté plainte à plusieurs reprises « pour coups et blessures et harcèlement moral ». Les vendeurs incriminent également leur patron quant aux contrats de travail et aux fiches de paie qu'ils jugent non conformes au code du travail.

Les clients attendent la fin du blocage

Volubile, ce dernier maintient qu'« ils n'ont jamais cessé de voler dans la caisse. Ils sont même revenus cette semaine pour se servir. D'ailleurs, j'ai demandé à mes employés actuels de porter plainte ». Déterminé, il ne cédera pas à ce blocage, synonyme de menaces : « Ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent, ça ne changera rien. En plus, s'ils empêchent le commerce, ils vont devoir attendre encore plus longtemps avant d'être payés. Moi, j'essaie d'abord de sauver ma boutique. »

Mais attendre, ce n'est pas les bloqueurs que ça effraie le plus mais plutôt les clients. Au compte-gouttes, ils s'arrêtent depuis maintenant trois jours devant le sex-shop et s'informent, curieux de cette situation ubuesque. Compréhensifs, ils soutiennent même les anciens employés. Mais une question les taraude : « Ca va durer longtemps ce blocage ? »

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